L'Europe… ou pas ? John Textor face à un dilemme stratégique avec Crystal Palace

Crystal Palace en embuscade… mais un avenir incertain

FOOTBALL

par Louis emmanuel

6/8/20253 min temps de lecture

Alors que Crystal Palace a connu une belle remontée en Premier League en cette fin de saison 2024-2025, la question d’une qualification européenne se pose sérieusement. Avec un jeu séduisant, une génération montante et des résultats prometteurs, les Eagles rêvent d’Europe. Mais derrière cette dynamique sportive, un problème de taille risque de tout compromettre : la multi-propriété de John Textor et les règles de l’UEFA.

John Textor, un empire sous tension

L’homme d’affaires américain John Textor, déjà actionnaire majoritaire de l’Olympique Lyonnais, détient également des parts importantes dans plusieurs clubs à travers le monde : Botafogo (Brésil), RWD Molenbeek (Belgique) et Crystal Palace (Angleterre). Cette structure multi-clubs lui permet d’optimiser les ressources humaines, les transferts et la visibilité globale de ses équipes.

Mais cette stratégie soulève des problèmes de conformité avec les règlements de l’UEFA, notamment en matière de compétitions européennes, où deux clubs appartenant à un même propriétaire ne peuvent être engagés simultanément, sous peine de conflit d’intérêts.

Une menace directe sur les ambitions européennes de Palace et de l’OL

Avec Lyon en course pour une place européenne via la Coupe de France et Palace proche du top 7 de Premier League, les deux clubs pourraient se retrouver qualifiés pour une compétition UEFA… et se voir interdire l’un ou l’autre d’y participer.

L’UEFA l’a rappelé récemment dans une note stricte : si deux clubs appartenant à la même entité ou contrôlés de manière significative par une même personne se qualifient pour une même compétition européenne, un seul pourra y participer.

Dans ce cas, une hiérarchie sera établie selon les résultats nationaux, laissant potentiellement sur la touche le club le moins performant. Une situation que John Textor tente désespérément de désamorcer.

La restructuration capitalistique comme solution d’urgence

Face à ce casse-tête, plusieurs options sont étudiées. La première consiste pour Textor à réduire sa part de contrôle dans Crystal Palace, où il n’est pas actionnaire majoritaire (environ 45%). Cela permettrait de démontrer une absence de “contrôle effectif” sur le club londonien, comme l’UEFA l’exige.

Mais cette opération demande une restructuration rapide et juridiquement solide, ce qui n’est pas garanti avant la validation des clubs qualifiés pour les compétitions UEFA.

Une autre piste serait d’attribuer des droits de gestion séparés à des entités distinctes ou d’impliquer d’autres actionnaires pour diluer l’influence directe de Textor. Ce sont des méthodes déjà envisagées par Red Bull avec Leipzig et Salzbourg, ou encore le City Football Group.

La pression monte des deux côtés de la Manche

À Lyon, l’inquiétude est palpable. Après une première moitié de saison catastrophique, les Gones ont remonté la pente avec une série de victoires sous Pierre Sage, retrouvant espoir pour une qualification européenne. Mais ce scénario pourrait s’éteindre si le dossier Textor n’est pas clarifié à temps.

Du côté de Crystal Palace, l’embellie est aussi menacée. Le club a trouvé une belle dynamique avec des joueurs comme Eberechi Eze ou Michael Olise, séduisant les observateurs anglais. Mais sans garantie d’accès à l’Europe, les ambitions du club pourraient vite être freinées.

L’UEFA ferme sur les principes de concurrence loyale

Dans un contexte où les multi-propriétés se multiplient, l’UEFA entend bien préserver l’intégrité de ses compétitions. Le cas Textor pourrait faire office de jurisprudence si la décision est rendue publiquement. Car au-delà de Lyon et Palace, c’est tout le modèle de gestion multi-clubs qui est remis en question.

Aleksander Čeferin, président de l’UEFA, a déjà affirmé vouloir renforcer les règles autour de ces structures afin d’éviter toute forme de manipulation ou d’influence indirecte entre clubs liés.

Le calendrier : un facteur décisif

La saison touche à sa fin, et les positions dans les championnats nationaux seront bientôt figées. L’UEFA devra ensuite valider les engagements des clubs européens pour les tournois 2025-2026. D’ici là, John Textor devra présenter des garanties crédibles et conformes au règlement, ou risquer de voir l’un de ses clubs exclu des compétitions européennes.

Le temps presse, et les avocats de l’Américain sont déjà à l’œuvre pour convaincre l’instance dirigeante du football européen.

Quel avenir pour le modèle Eagle Football ?

Le projet Eagle Football, censé créer des synergies entre clubs sur plusieurs continents, est aujourd’hui à la croisée des chemins. Si la situation se résout en faveur de Textor, cela ouvrirait la voie à d’autres investisseurs dans le même modèle. Mais si l’UEFA bloque, ce sera un frein majeur au développement de ces empires du football mondial.

L’avenir de Crystal Palace, de l’Olympique Lyonnais, et du projet Eagle Football dépend donc d’un subtil jeu d’équilibres juridiques, économiques et politiques.